J’ai lu quelque part sur le net un article comparant Dubuc à Utrillo, mais en plus barbouilleur et rustaud...
Bon, je peux comprendre qu’au premier abord, les peintures de Dubuc puissent paraître très empâtées et de dessin assez sommaire voir même enfantin. Si vous vous arrêtez à cette première impression vous allez passé à côté de petits bonheurs et d’une belle rencontre. Il est bon de rappeler que Dubuc était un peintre autodidacte et n’a bénéficié en tout et pour tout que de quelques conseils d’artistes amis. Si Dubuc n’était pas un grand dessinateur au sens réaliste du terme, il eu le mérite de se créer sa propre écriture picturale à force d’acharnement. Un “Dubuc” se reconnait de loin. Les perspectives approximatives, les personnages raides, à peine esquissés et souvent rangés en rang d’oignon sont des primitivismes touchants dans sa façon de nous proposer un paysage de Montmartre ou de sa Normandie natale. Je vous conseille, quand vous regardez un de ses tableaux, de vous laisser envahir par la couleur et par extension, de ressentir le bonheur qu’a eu le peintre en l’étalant généreusement sur le support. Laissez le réalisme du dessin à l’entrée du tableau, comme on laisse ses chaussures à l’entrée d’une maison japonaise et pénétrez dans la matière, en pleine pâte. La rusticité de son dessin fait parfois oublier la subtilité de ses accords chromatiques. Dubuc était un grand coloriste et c’est souvent là que se cachait la finesse de cet artiste. Il a su au final accorder son graphisme personnel à son envie brut de couleur et le tout est cohérent. Il faudra bien qu’un jour il soit au moins reconnu et respecté pour ça. Les couleurs de Dubuc parlent au cœur. Était-il conscient ou se laissait-il guider par un son “instinct” de coloriste né ? Qui saura ? Peut importe, régalons-nous du résultat, de ces paysages de bords de mer et de ce Montmartre rêvé. On a plus que jamais besoin de belles lumières par ces temps d’extrémismes obscurantistes.
Alors nous allons dire : Dubuc, barbouilleur de bonheur et fin rustaud au grand cœur... et tout le monde sera content.
Eric Raimbault